Débutés le mardi 13 octobre dernier, les travaux de la commission chargée de la répartition de la subvention à la presse écrite et en ligne ont connu leur épilogue lundi 19 du même mois. Au total, 56 médias ont sollicité cette précieuse aide de l’Etat. Au terme des séances, seulement 37 ont été retenus, sur des critères jugés « non objectifs » par de nombreux promoteurs de journaux, qui en appellent désormais à l’arbitrage du ministre de la Communication, Anicet Mboumbou Miyakou et exigent l’annulation de l’ensemble des travaux de la commission.
Les nerfs à fleur de peau, de nombreux patrons de la presse privée expriment désormais leur ras-le-bol aux pratiques peu orthodoxes de certaines autorités du ministère de la Communication, celles qui décident de la répartition de la très précieuse aide à la presse, notamment. A l’origine de la colère, les travaux en commission de cette année, que les promoteurs de journaux jugent désormais insupportables et inacceptables.
Pourtant, pour prétendre à la subvention de l’Etat, le ministère de la Communication avait fixé des critères d’éligibilité. Un accent particulier avait été porté sur des éléments jugés clés tels l’agrément technique et la fiche circuit.
Si de nombreuses entreprises de presse ont présenté les deux documents exigés, d’autres en revanche, par souci de conformité, ont pu, nonobstant le contexte difficile lié à la Covid-19, régulariser leur situation juridique à bien des égards.
Des efforts que la commission a balayés d’un revers de main, alors qu’à la précédente session, des solutions palliatives avaient été entérinées. « Il y a des couleuvres qui ne passent pas. Lors de la précédente session, la commission avait accepté que certaines entreprises touchent la subvention, alors qu’elles n’avaient que la fiche circuit. Comme solution, pour ces entreprises là elle avait proposé de retirer la somme nécessaire à l’obtention de l’agrément technique, dans les fonds qui devaient être versés. Nous pensions que cette année, compte tenu du contexte difficile auquel nous sommes tous assujetti, la commission reproduirait le même schéma. Mais non. Le plus grave c’est que là encore, à la précédente session, il s’agissait de leurs amis qui étaient en difficulté, et qu’il fallait nécessairement repêcher. C’est dommage ! » tempête un journaliste.
Pis encore, pour le compte de cette année, la commission a trouvé le moyen de trier les « petits médias », quand bien même certains d’entre eux avaient les deux éléments-clés. « Comment comprendre que la même commission puisse décider que les entreprises dont la date inscrite sur la fiche circuit est inférieure à deux ans ne recevront pas d’aide de l’Etat, et que dans le même temps certains médias dont les patrons sont proches du ministre ou d’un membre de l’administration du ministère de la communication soient validé, quand d’autres sont purement et simplement exclus ? Pourquoi ce deux poids deux mesures ? Pourquoi cette partialité dans le traitement des dossiers ? C’est une mascarade que nous ne tolérons plus » ajoute-il.
Pour expliciter, en 2019, la Haute autorité de la communication (HAC) décidait de la suspension d’une trentaine de médias pour non conformité avec le Code de la Communication en République gabonaise et avaient été interdit de publication jusqu’à la régularisation de leur situation administrative et juridique.
Voir la liste des médias suspendus ICI.
Ces entités, bien que visibles depuis des années, n’avaient cependant aucune existence juridique.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les autorités du ministère de la Communication décidaient quand même de l’octroie de l’argent public à ces entités illégales.
Quelles en étaient les motivations ? Le versement des rétros commissions ou du pur favoritisme ? Des questions à n’en plus finir.
« Nous savons que la commission a toujours validé les dossiers d’une certaine organisation patronale des médias, ce malgré les nombreuses irrégularités soulevées, quand d’autres sont volontairement mis à la diète, en dépit des efforts fournis. Les mesures doivent valoir pour tous et non pour certains, quand d’autres bénéficient allègrement de l’argent de l’Etat » assène un autre patron.
Une fois de plus et une fois de trop, le ministère de la Communication s’est gravement compromis dans le traitement des dossiers.
« Nous sommes persuadés que le ministre n’est pas informé de cette mascarade. Nous souhaitons donc attirer son attention sur ce qui se fait dans l’institution qu’il dirige, et l’invitons à revoir les travaux qui se sont fait en commission, dossier par dossier. Nous ne cautionnerons plus cette injustice.» promettent les journalistes.
« Aujourd’hui c’est un ras-le-bol qu’il faut exprimer. Le chef de l’Etat doit être informé des magouilles qui se font au ministère de la communication, des pratiques établies en normes. Ça ne peut plus continuer comme ça. » déclare un journaliste.
NA