Près de deux ans après son arrivée au Gabon le 12 mars 2020, le Coronavirus continue de révéler des failles dans sa gestion de plus en plus opaque par le gouvernement gabonais. Preuve de cette opacité savamment entretenue , le rapport parlementaire sur la gestion de la pandémie est tenu secret jusqu’ici, au mépris de la transparence pourtant érigée en règle d’or par le président gabonais, Ali Bongo Ondimba.
C’est l’autre visage de la pandémie de Covid-19, le manque de transparence à tous les niveaux. Transparence sur la gestion des mesures sociales pour lesquelles 250 milliards de FCFA avaient été promis par le président Ali Bongo Ondimba aux premières loges de la pandémie. Cette enveloppe comprenait entre autres, la distribution des vivres, la gratuité des loyers aux familles démunies directement affectées par la pandémie, la gratuité des factures d’électricité et d’eau pour une certaine catégorie des compteurs, l’aide aux tenanciers des bars, snacks bars, boîtes de nuit, motels, restaurants, bailleurs, etc.
Malgré une gestion approximative par les ministères des Affaires sociales, du Commerce et de l’économie, aucun bilan, aucun compte n’a jusqu’ici été rendu. Notamment sur les budgets reçus et les exécutions des sommes dues à tel ou tel volet. Ce d’autant que certains destinataires de ces enveloppes, notamment les tenanciers des bars, snacks bars, boîtes de nuit et motels n’ont été payés qu’à pas forcés, à des intervalles très irréguliers, avec des sommes tellement modiques qu’elles ne leur permettaient même pas de faire face à leurs nombreuses charges.
Sinon qu’est-ce qu’un responsable d’une boîte de nuit peut bien faire avec 250.000 FCFA qu’on lui donne après un an de fermeture quand il doit payer son loyer, ses employés et tout le reste des factures ? Où sont alors passés les 250 milliards ? Personne ne le sait et peut-être ne le saura-t-on jamais, près de deux ans après le début du Coronavirus au Gabon.
Il en est de même pour l’importante manne financière engrangée chaque jour par les tests PCR dans les différents laboratoires. Combien de millions ou de milliards de FCFA, comptabilise-t-on chaque semaine ou chaque mois ? Que fait-on de cet argent ? Ici encore pas de réponse dans ce qui est devenu une sorte de Covid Business d’un gouvernement qui, décidément, semble exploiter une maladie pour gruger davantage un peuple déjà bien en difficulté, avec un chômage exponentiel et une vie de plus en plus chère.
Quid du rapport parlementaire ?
Pour enfoncer le clou de cette omerta, le rapport documenté par l’Assemblée nationale est tenu secret jusqu’ici après qu’il a été remis au président Ali Bongo Ondimba, qui dit pourtant faire de la transparence et de la réédition des comptes, les principes directeurs de son gouvernement.
Et quoique le président de l’Assemblée nationale, Faustin Boukoubi tente désespérément de se défendre, expliquant que ce rapport n’a jamais été publié parce qu’il comporte à des endroits, des affirmations gratuites, il y a désormais une évidence qui saute aux yeux. Ce rapport cache une gestion en tout point de vue, catastrophique de la pandémie de Covid-19 par le gouvernement gabonais, du moins sur le plan social et économique, deux versants sur lesquels la transparence n’est pas la bienvenue. Et n’en saurait d’ailleurs être autrement dans un pays où seul le tabou reste la chose la mieux partagée dans la gouvernance publique.