Après l’ouverture des concertations avec différents acteurs de la société guinéenne, les putschistes menés par le colonel Mamady Doumbouya devraient bientôt annoncer leur feuille de route pour la transition en Guinée, note la revue de presse Afrique de RFI.
Les putschistes au pouvoir en Guinée ont annoncé l’ouverture, à partir de ce mardi 14 septembre, d’une série de rencontres pour préparer la formation d’un gouvernement. “Les militaires, menés par le colonel Mamady Doumbouya, recevront d’abord les chefs des partis politiques, précise le site guinéen Aminata, puis ceux des confessions religieuses ; mercredi, les organisations de la société civile, puis les représentations diplomatiques ; jeudi, les patrons des compagnies minières implantées en Guinée, puis les organisations patronales ; enfin, vendredi, les banques et les syndicats.”
“La Guinée va-t-elle vivre au rythme du ‘Doumbouya show’, après le ‘Dadis show’ de 2008-2009, lorsque le capitaine Moussa Dadis Camara a dirigé le pays dont il s’était autoproclamé président, à la mort de Lansana Conté, le 22 décembre 2008 ?”, s’interroge Wakat Séra, au Burkina Faso.À LIRE AUSSI Réactions. En Guinée, l’ambiguïté d’un
Un programme encore flou
“Ces concertations, annoncées inclusives par le CNRD [Comité national de redressement et de développement], ont opéré leur charme sur les opposants politiques, poursuit le journal burkinabé, chacun voyant en ce putsch une opportunité inespérée d’aller au changement et, si affinités, de ravir le fauteuil présidentiel si la transition débouche sur des élections ouvertes. Mais ça, c’est une autre paire de manches !”
Le CNRD a interdit toute manifestation de soutien, rappelle Wakat Séra, “sans doute pour ne pas se laisser phagocyter par les politiques”, et n’a encore fixé aucun planning de transition, bien qu’une copie supposée du projet de charte de transition militaire circule sur les réseaux. Une charte en cours d’élaboration devrait être présentée bientôt aux “forces vives de la nation”. Son contenu éclaircira la nature de la transition, civile ou militaire.
En ce qui concerne la transition, “la junte aurait proposé à la délégation de la Cedeao [Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest], reçue vendredi dernier, une durée de deux ans à l’issue de laquelle une élection transparente serait organisée”, avance le site d’information Guinée 7.
Juger Doumbouya sur les actes, Condé sur son bilan
En attendant, les interrogations demeurent, relève le quotidien Aujourd’hui au Faso :
Quelles seront les modalités de choix des membres de l’équipe de transition ? Qui en fera partie ? Et ce sera dans quel prorata ? Est-ce lui-même, Doumbouya, qui va arbitrer ces choix ou une équipe ad hoc qui sera mise sur pied pour cela ? […] Derrière la rhétorique et les gesticulations qui rassurent, il faudra que le lieutenant-colonel Doumbouya pose des actes qui campent bien sa phraséologie. Si les Guinéens sont sortis l’acclamer, si le principal parti de l’opposition, l’UFDG, le soutient, c’est moins pour le coup d’État que d’avoir mis fin au troisième mandat d’Alpha [Condé, président renversé le 5 septembre dernier]. Nuance à ne pas oublier !”
Les tribunes se multiplient dans la presse guinéenne et au-delà pour fustiger l’ex-président Alpha Condé. “Pourquoi faut-il juger et sanctionner Alpha Condé et ses principaux collaborateurs”, explique le site Guinée News. Après “onze ans de mal gouvernance”, c’est “une impérieuse nécessité pour garantir le droit à la justice, le droit à la réparation et la garantie de non-répétition. Cela mettrait fin à l’impunité, à la ‘banalisation du mal’, comme le disait le Prix Nobel de la Paix Desmond Tutu. Ce serait le meilleur cadeau auquel pourraient s’attendre les nombreuses victimes et la nation tout entière.”