Le lac Tanganyika est l’un des lacs les plus poissonneux au monde. Du côté de la RDC, les prises annuelles sont d’environ 20 000 tonnes de poisson, alors que le potentiel est estimé à 450 000 tonnes. Dans la province du Tanganyika, dans l’est du pays, la pêche sur ce lac, c’est l’activité économique principale pour les populations riveraines. Mais aujourd’hui, les pêcheurs affirment que leurs prises ont baissé. C’est le dossier Afrique économie du jour.PUBLICITÉ
Il est 6h30 dans la ville de Kalemie au bord du lac Tanganyika. Les pirogues des pêcheurs accostent au port de fortune de Lukuga. La pêche du fretin, qui nourrit des milliers de familles de Kalemie, n’est pas abondante. Simon Bueno et son équipe déchargent leur pirogue deux caisses de fretin.
« Aujourd’hui, nous n’avons pu capturer que deux caisses de poisson. C’est très peu. Il y avait un vent violent. Avec un lac calme, on aurait fait mieux. »
D’autres pêcheurs reviennent mains bredouilles. Pourtant, il y a une dizaine d’années, la pêche sur le lac Tanganyika était florissante, se rappelle Édouard Mfimbo, un autre pêcheur.
« À l’époque, il y avait beaucoup de poissons dans le lac. Une équipe de pêche pouvait réaliser des prises de 8 à 10 tonnes par mois. Maintenant, ce n’est plus possible. Les poissons sont devenus rares. »
La rareté du poisson du lac Tanganyika influe négativement sur la rentabilité de la pêche. La production est faible par rapport aux dépenses et au coût d’amortissement du matériel de pêche, explique Muzungu Abdallah, chef d’une équipe, qui n’a eu que 5 caisses de fretins.
« J’ai vendu la caisse à 50 000 francs (congolais) et j’ai gagné au total 250 000 francs. Nous devons enlever de ce montant 45 000 francs pour l’amortissement des panneaux solaires, 25 000 francs pour l’amortissement du moteur hors-bord, 45 000 francs pour le carburant, car nous avons consommé 40 litres. Ajoutez à cela d’autres dépenses, il ne nous reste que 30 000 francs à partager entre les pêcheurs et le patron. C’est dérisoire. »
La construction d’une unité de pêche coûte entre 20 et 30 mille dollars américains. La faible production du poisson constitue un gros manque à gagner. Kalonda Sadiki, président de la société coopérative des pêcheurs du lac Tanganyika SOCOPELTA
« Tu peux construire une unité de production, il te faut entre 5 et 6 ans d’activités pour récupérer ton capital, car nous pêchons aveuglément. Nous n’avons pas de matériel pour détecter les endroits où il y a une concentration de poissons. Ça demande de la chance et de la bénédiction du bon Dieu. »
Pour améliorer la rentabilité de la pêche sur le lac Tanganyika, le gouvernement de la RDC a initié il y a deux ans le projet intégré de croissance agricole dans les Grands Lacs, PICAGEL, dont le volet pêche porte sur l’appui technique et financier des pêcheurs.
Denise Maheho nous parlera demain des problèmes de conservation du poisson à Kalemie.