La situation sécuritaire dans le septentrion du Mali est aujourd’hui préoccupante. Comme en 2012, les Forces armées maliennes (FAMa) font face aux groupes terroristes (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans-GSIM ou JNIM et État islamique au Grand Sahara-EIGS) et aux groupes armés membres de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), pourtant signataire de l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger en 2015.
Ce regain de tension dans le Nord est consécutif au départ de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) qui doit rétrocéder ses emprises à l’Armée nationale. Si le processus s’est bien déroulé dans les régions du Centre (Mopti, Bandiagara et Douentza), il butte sur la belligérance des séparatistes de la CMA et des groupes terroristes. Les hostilités ont commencé lorsque la Minusma rétrocédait son camp de Ber (Région de Tombouctou) à l’Armée en août dernier.
La CMA et ses complices terroristes avaient essayé de stopper cette opération en ouvrant le feu sur nos militaires. Ces derniers ont riposté vigoureusement avant de prendre possession du camp de Ber. Beaucoup de compatriotes cherchent à comprendre l’enjeu autour de cette petite ville située à 60 km à l’Est de Tombouctou. Mais l’ancien député de Tombouctou, El Hadji Baba Haïdara dit Sandy, sait bien de quoi il s’agit. Il est de ceux qui pensent que la présence de l’Armée à Ber va priver l’alliance nébuleuse des terroristes et des indépendantes d’une source importante de revenus.
Grâce au racket sur le commerce des marchandises, ces forces hors la loi recevaient beaucoup d’argent pour renflouer leurs caisses. «Laisser Ber aux mains de l’État est une perte énorme pour la CMA. Depuis 2012, il n’y a pas un représentant de l’État à Ber alors que cette ville est un carrefour commercial. On ne quitte pas Gao pour Tombouctou sans passer par Ber, que ce soit par la route ou par la voie fluviale.
Donc, les impôts, les taxes et autres rançons étaient récupérés par la CMA et les djihadistes. C’est une manne qu’ils vont perdre après la prise de Ber par l’Armée. Perdre Ber pour la CMA, c’est aussi perdre son deuxième bastion après Kidal. Alors dès que l’Armée a occupé Ber après le départ de la Minusma, le 13 août 2023, ils s’en sont pris à nos militaires et aux populations civiles en imposant un blocus sur Tombouctou», explique-t-il.