La Cour européenne des droits de l’ homme (CEDH) a suspendu, ce vendredi, l’ extradition de la France vers le Burkina Faso, de François Compaoré, frère du président déchu, Blaise Compaoré.
Alors que le Conseil d’ Etat français a validé, il y a une semaine, l’ extradition de la France vers le Burkina Faso, de François Compaoré, frère du président déchu, Blaise Compaoré, mis en cause dans l’ assassinat, en 1998, du journaliste d’ investigation, Norbert Zongo, la Cour européenne des droits de l’ homme a suspendue cette extradition ce vendredi 06 août 2021.
– Qui est Norbert Zongo?
Norbert Zongo est un journaliste burkinabè né en 1949 à Koudougou, ville du Burkina Faso, la troisième en population après Ouagadougou et Bobo Dioulasso. Chef- lieu de la Province de Boulkiemdé, préfecture du département du même nom et capitale de la région du Centre- ouest. Il a été assassiné le 13 décembre 1998 à Sapouy. Fondateur et directeur de la publication de l’ hebdomadaire L’ Indépendant. Norbert Zongo, Journaliste engagé a été assassiné le 13 décembre 1998, pendant qu’ il enquêtait sur le meurtre de David Ouedraogo chauffeur de François Compaoré conseiller spécial et frère du président Blaise Compaoré. Norbert Zongo, un journaliste » honnête » âgé de 49 ans, a été tué avec trois de ses compagnons. Les quatre dépouilles ont été retrouvées calcinées dans sa voiture à Sapouy, à une centaine de kilomètres au sud de Ouagadougou.
– Des crimes au Burkina Faso qui sont restés impunis
Ph: Dr, manifestation contre le pouvoir de Blaise Compaoré.
Aucune condamnation n’ a été prononcée, malgré le scandale que l’ affaire avait provoqué. qualifié d’ » incorruptible » , célèbre pour ses positions critiques vis- à- vis du pouvoir de Blaise Compaoré, M. Zongo était l’ auteur de plusieurs enquêtes qui faisaient grand bruit et surtout celles en rapport avec la manière dont le président Blaise Compaoré gérait sa présidence.
Le 18 décembre 1998, un décret a institué une » Commission d’ enquête indépendante » chargée de faire la lumière sur la mort du directeur du journal l’ Indépendant. Si elle a disposé d’ importants moyens et de vrais pouvoirs d’ investigation, après trois mois d’ investigation et plus de 200 auditions, son rapport rendu public le 7 mai 1999, précise que Norbert Zongo a bien été assassiné.
La Commission a toujours affirmé qu’ il fallait chercher les mobiles de ce meurtre « du côté des enquêtes menées depuis des années par le journaliste et notamment sur ses récentes investigations concernant la mort de David Ouedraogo, le chauffeur de François Compaoré, conseiller à la présidence et frère du chef de l’ État. Blaise Compaoré».
Elle cite d’ ailleurs les noms de six militaires de la garde présidentielle, avant de conclure: « Cela n’ en fait pas des coupables, mais de sérieux suspects. » » Six suspects sérieux » avaient été identifiés par la Commission d’ enquête indépendante mise en place par les autorités burkinabè, mais seul l’ adjudant Marcel Kafando, ex- chef de la garde rapprochée du président Compaoré, avait été inculpé, puis relâché. En 2006, sous l’ influence du parti au pouvoir, la justice burkinabè a classé le dossier, officiellement pour manque de preuves.
– Fin de règne du gouvernement de Blaise Compaoré
Le 31 octobre 2014, Blaise Compaoré, après 27 ans de règne a été chassé du pouvoir par des manifestants excédés par sa gouvernance. Après sa chute, le dossier Zongo a ressurgit des » tiroirs » de la justice burkinabè qui a lancé un mandat d’ arrêt international dans le mois de mai 2017 contre François Compaoré le frère du président déchu Blaise Compaoré.
En octobre 2017, dans le cadre du mandat d’ arrêt international, François Compaoré a été arrêté a l’ aéroport parisien de Roissy. Aussi bien avant la chute de Blaise, la cour africaine des droits de l’ homme et des peuples (CADHP), avait fait une déclaration surprenante contre le gouvernement de Compaoré: « Ouagadougou n’ a pas fait preuve de la diligence due en vue de rechercher, poursuivre et juger les assassins de Norbert Zongo et ses compagnons » Grâce à l’ intervention de ses avocats, François Compaoré a été relâché. Ces avocats saisissent alors la cour européenne des droits de l’ homme ( CEDH). afin de garantir la liberté de leur client.
– La réplique des avocats des Compaoré.
Ph: Dr, François Compaoré, ancien conseiller spécial et frère de Blaise Compaoré.
Comme une bouffée d’ oxygène, suite au communiqué de la CEDH tel que libellé : « LaCour a décidé d’ indiquer au gouvernement français, en vertu de l’ article 39 du règlement de la CEDH qui régit les mesures provisoires que M. Compaoré ne devrait pas être extradé vers le Burkina Faso pendant la durée de la procédure devant la Cour», François Compaoré, mais également son frère ex président du Burkina Faso: Blaise Compaoré pourront souffler un temps soit peu parce- que débarrassés d’ une affaire gênante en l’ occurrence » l’ enquête sur le meurtre de Norbert Zongo » .
Source: France 24