Depuis le 24 mai, le nouveau putsch qui a abouti à la démission du président malien Bah N’Daw est vivement critiqué par la communauté internationale. Désormais au pouvoir, le colonel Goïta subit des coups de pressions des alliés militaires de Bamako qui exigent un gouvernement civil.
La France va suspendre sa coopération militaire avec le Mali. L’information a été confirmée le jeudi 3 juin par plusieurs médias citant le ministère français des Armées.
Paris annonce que cette décision a été prise à titre « conservatoire et temporaire ». Elle intervient au titre des sanctions adoptées pour faire pression sur le régime militaire malien, afin que celui-ci laisse la place à un gouvernement civil.
« Des exigences et des lignes rouges ont été posées par la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, Ndlr) et par l’Union africaine pour clarifier le cadre de la transition politique au Mali. Il revient aux autorités maliennes d’y répondre rapidement », a indiqué le ministère des Armées. Ainsi, les opérations militaires nécessitant la coopération avec les soldats maliens ainsi que les missions de formations des Forces armées maliennes (FAMA) n’auront plus cours, alors que les autres opérations militaires françaises dans le Sahel pourront quant à elles continuer.
Faut-il le rappeler, la France avait comme l’Union africaine et la CEDEAO (qui ont suspendu le Mali de leurs instances) condamné les deux coups d’Etats d’août 2020 et de mai 2021 par le colonel Assimi Goïta (photo). Celui-ci a été nommé il y a quelques jours, président du Conseil de Transition, et même s’il a promis qu’il rendrait le pouvoir aux civils à l’issue d’élections libres et démocratiques, les pressions pour qu’il nomme un Premier ministre civil se multiplient de la part de la communauté internationale. Ainsi, le 26 mai dernier, les Etats-Unis avaient ainsi annoncé la suspension de leur aide militaire envers le pays, tout en annonçant qu’ils « envisageront des mesures ciblées à l’encontre des dirigeants politiques et militaires qui entravent la transition du Mali vers une gouvernance démocratique dirigée par des civils ».
Dans un entretien accordé à au Journal du Dimanche (JDD) il y a quelques jours, le président français Emmanuel Macron avait indiqué qu’il pourrait retirer ses troupes du Mali, si le pouvoir en place se rapprochait des islamistes radicaux. Il avait également ajouté que la France ne resterait pas « aux côtés d’un pays où il n’y a plus de légitimité démocratique ni de transition » mettant ainsi dirigeants militaires qui restent très dépendants de leurs alliés internationaux dans la lutte contre la menace djihadiste dans le pays.
Notons néanmoins que d’après les autorités françaises, la suspension pourrait être annulée ou maintenue, selon les réactions des nouveaux dirigeants maliens. « Ces décisions seront réévaluées dans les jours à venir au regard des réponses qui seront fournies par les autorités maliennes », a indiqué le communiqué du ministère des Armées.